Claude Bresson, un médecin légiste
Jeudi 5 Février 2015, nous avons rencontré Claude Bresson, un médecin légiste exerçant au CHU de Nantes. Nous avions appelé le CHU pour prendre rendez-vous avec un médecin légiste. Nous avions ainsi obtenu les coordonnées d'un médecin légiste, or celui-ci n'avait pas le temps de nous recevoir. Il nous a redirigé vers son collègue, le Dr Bresson, qui nous a accordé 2 heures de son temps malgré son emploi du temps chargé. Nous le remercions pour sa patience et ses explications.
Voici le compte-rendu de ses explications.
Protocole de l'autopsie d'un cadavre
Lorsque la police découvre un cadavre, elle prélève des indices sur la scène de crime. Elle peut également demander l’aide d’un médecin légiste pour mieux comprendre les causes du décès. Celui-ci doit au préalable connaître les circonstances de la mort : si l’environnement montre des signes de brutalités envers la victime, il est très probable que la mort soit liée à des lésions traumatiques, alors que si l’environnement ne montre aucun de ces signes, la mort sera alors liée à des raisons médicales.
Tout d’abord, le médecin légiste procède à un examen externe, dans lequel il cherche des lésions visibles sur la peau de la victime. Elles sont particulièrement évidentes si les causes de ces lésions sont traumatiques, c’est-à-dire si elles résultent d’un choc (une hache plantée dans la tête est, par exemple, une lésion traumatique évidente). Ces lésions traumatiques peuvent être des plaies ou des contusions (des bleus en langage courant). Cependant, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de lésions apparentes qu’il n’y a pas eu de traumatisme : les lésions peuvent être à l’intérieur du corps.
Lors de l’examen externe, le médecin va également rechercher des signes de lésions pathologiques, dues à une maladie (par exemple, un teint et des yeux jaunes mettent en évidence des problèmes au foie). Mais ces signes ne se verront peut-être plus sur le mort. Ainsi, l’enjeu de l’examen externe est de retrouver des lésions traumatiques dues à un choc, ou des lésions médicales liées à une pathologie ; même si très souvent, aucune lésion n’est visible.
Suite à l’examen externe, le médecin peut réaliser des examens complémentaires comme une radiographie ou un scanner. Ces techniques d’imagerie médicale permettent la visualisation de lésions traumatiques, de saignements ou d’un corps étranger. Avec la radiographie, ces éléments sont perçus en deux dimensions : ils sont tous sur le même plan. Le scanner, lui, permet une analyse tridimensionnelle ; il peut être utile pour évaluer la profondeur et l’emplacement exact d’un objet étranger dans le corps.
Enfin, le médecin peut effectuer une autopsie. Il ouvre alors le corps et fait un constat des lésions macroscopiques (visibles à l’œil nu). Pour cela, il recherche également du sang dans des endroits où il ne devrait pas y en avoir : cela aurait pu provoquer une hémorragie. A l’inverse, si un os est cassé mais qu’il n’y a pas de saignement autour de la zone fracturée, cela signifie qu’il n’y avait pas de sang circulant au moment de la fracture, et donc que le cœur ne battait plus : la personne était déjà morte. Il ouvre également la boîte crânienne et le thorax, et recherche sur chaque organe des lésions traumatiques (trou de balle) ou une déformation due à des lésions médicales. Chacun d’eux est pesé et son poids est comparé à une moyenne. Un poumon trop lourd peut ainsi contenir un œdème, provoquant un étouffement. La cause de cet œdème nécessite néanmoins des analyses toxicologiques.
Outre ce constat, il peut également prélever du sang, un organe ou un fluide (comme l’humeur vitrée de l’œil), qui pourront servir pour des analyses toxicologiques (on met le flacon de sang prélevé dans une machine pour rechercher s’il y a un produit anormal dans le sang comme un médicament ou des produits toxiques (drogue, alcool…). Ces prélèvements pourront également être confiés à un anatomo-pathologiste pour l’étude des tissus prélevés, pouvant révéler des lésions microscopiques (invisibles à l’œil nu).
A l’issu de l’examen macroscopique, lorsqu’il n’y a pas de lésions traumatiques, on a souvent des autopsies sans causes déterminées de la mort, d’où l’intérêt de poursuivre les examens avec l’analyse microscopique ou toxicologique. Le médecin légiste délègue alors les prélèvements à des spécialistes.
On est capable de conclure avec dix fois moins de précision que dans les séries américaine !